Focus Destinations Entreprises

Focus du jour

Les 17 et 19 juin 2025, le PLIE de Grenoble Alpes Métropole a organisé une nouvelle édition de l’événement Destination Entreprises, en partenariat avec la plateforme mobilité. Répartie sur deux journées, cette action avait pour objectif de permettre à des personnes en insertion de se rendre dans différentes entreprises du territoire en utilisant des modes de transport alternatifs : vélo, tramway, autopartage ou trottinette électrique.

L’initiative vise à lever un frein souvent rencontré dans les parcours vers l’emploi — l'absence de solution de mobilité — en démontrant, de manière concrète, que l’accessibilité à l’emploi ne passe pas nécessairement par la possession d’un véhicule personnel. Ces journées ont également permis aux participants d’expérimenter les conditions réelles d’un déplacement vers une entreprise, de se familiariser avec les codes professionnels, et de reprendre confiance en leurs capacités à se projeter dans un environnement de travail.

Entretien avec Juliette Delabaere (Chargée de mission Appui aux entreprises pour la GPEC) et Valérie Godzik-Moutet (Responsable de la Plateforme Mobilité)

1. Pouvez-vous nous présenter l’action menée et les objectifs qui la sous-tendent ?

L’action s’inscrit dans la continuité d’un premier challenge mobilité initié en 2019, avec une édition test menée en 2023. L’idée principale est de lier les enjeux de mobilité et d’emploi en une action commune, concrète et collective. Il s’agit de montrer que des entreprises accessibles peuvent parfois sembler inatteignables à cause d’un frein majeur : l'absence de véhicule personnel ou de permis.

Ce projet vise donc à démontrer que des solutions de transport alternatives existent, et qu’il est possible de se rendre dans des entreprises via d'autres moyens : vélo, transports en commun, autopartage. L'objectif est autant de travailler la représentation mentale de l’accessibilité à l’emploi que d’agir sur les codes comportementaux liés à l’insertion professionnelle.

2. Comment cette action s’est-elle concrètement déroulée ?

Chaque groupe devait se rendre dans une entreprise partenaire à l’aide de deux moyens de transport différents (vélo, tram, autopartage, trottinette électrique). Tous les participants avaient rendez-vous à la même heure pour une visite d’entreprise d’une heure.

Ce format permettait à la fois de tester des itinéraires en conditions réelles, de comprendre la durée et les contraintes de trajet, mais aussi d’expérimenter les outils mis à disposition sur le territoire. L’objectif était de sortir d’un accompagnement purement théorique : ici, on fait, on expérimente, on apprend ensemble.

3. Quels types d’entreprises ont participé ?

Les entreprises ont été sélectionnées sur plusieurs critères : être accessibles en moins de 30 à 40 minutes, être ouvertes à l’insertion, proposer régulièrement ou ponctuellement des opportunités d’emploi et être prêtes à accueillir des publics éloignés de l’emploi.

Ce travail de mobilisation a été mené conjointement par les chargés de relation entreprise du territoire. Même sans promesse immédiate d’embauche, ces visites favorisent la découverte de métiers et la levée de représentations erronées, notamment autour des distances ou du niveau d’exigence perçu.

4. Qu’est-ce que cette action apporte de plus qu’un accompagnement classique ?

Ce type d’action permet de travailler des “compétences invisibles” souvent perdues ou méconnues : anticiper son trajet, savoir s’organiser, arriver à l’heure, adopter un comportement professionnel, etc.

L’enjeu est aussi psychologique : rendre les choses possibles, accessibles, concrètes. Dire à une personne "vous pouvez le faire" n’a pas le même impact que le faire ensemble, en conditions réelles. Cela redonne confiance, crée des automatismes, et favorise une projection vers l’emploi.

5. Quels partenariats ont rendu cette action possible ?

L’action repose sur un partenariat étroit avec des acteurs locaux de la mobilité comme Mvélo+, Citiz, Dott, qui ont mis à disposition des vélos ou véhicules. Ces soutiens logistiques ont permis à chacun d’expérimenter les trajets sans barrière matérielle.

C’est aussi une réussite collective rendue possible par la coordination entre services emploi, plateformes mobilité et partenaires économiques. Une logique de territoire collaboratif qui a toute sa place dans les politiques d’insertion.

"Sous le signe de l’expérimentation et de la co-formation, l’événement visait à renforcer la confiance des participants dans leur capacité à mobiliser des solutions de mobilité pour accéder à l’emploi, tout en renforçant leur posture professionnelle."